L'histoire de Saint Louis des Français d'Istanbul est inséparable de celle des frères capucins français.
Les premiers capucins arrivent en effet à Constantinople en 1626 et s'installent dans l’enceinte de l’ambassade de France en 1628. Ils deviennent propriétaires d'un terrain contigü à celui de l'ambassade en 1638.
17ème siècle
Leur première église est sans doute clandestine, mais à partir de 1642, la messe est célébrée dans une salle attenante à l’ambassade.
Après l’incendie de 1660, on bâtit une véritable église, qui sera peu à peu transformée. Cette église sera bénie le 25 août 1673. Elle est également déclarée "chapelle ministérielle", l’autorisation de la Sublime porte ayant été donnée. En 1685 autorisation sera donnée d’y ensevelir les "ambassadeurs, religieux et autres personnes de distinction".
18ème siècle
L'église devient enfin paroisse au début du 18ème siècle.
Elle est reconstruite deux fois au cours de ce siècle, une première fois grâce au Comte des Alleurs, ambassadeur de France (1747-1754), puis en 1788, date à laquelle le P. Godefroy d’Amiens, plus tard archevêque de Naxos, la reconstruit en pierre.
L'église disparaît à nouveau dans le grand incendie de Pera (Beyoglu) de 1831.
19ème siècle
Après l'incendie de 1831, l'église mettra plusieurs années à être reconstruite. Elle sera finalement terminée en 1846, sa construction étant réalisée en parallèle de la reconstruction du Palais de France.
L'ensemble des bâtiments actuels est représentatif du style Louis-Philippe (1830-1848). L'architecte est Pierre Laurécisque (1797-1848), qui a longuement séjourné à Istanbul et est enterré au cimetière du Père Lachaise. Deux plaques funéraires dans l'église rappellent d'ailleurs le décès de son épouse et de son jeune fils en 1847 à Constantinople.
L'église a été bénie par le P. Mauro de Leonessa, préfet apostolique, le 1er mai 1847, en présence de l’ambassadeur François-Adolphe de Bourqueney (1841-1848).
20ème siècle
En 1914, Saint Louis est occupé, l'église est réquisitionnée et l'horloge et la cloche sont démontés.
L'église est cependant récupérée dès 1919 et sera progressivement restaurée jusqu'en 1923 (comme le montre l'inscription de la frise du sanctuaire).
Deux des façades principales de l'église sont d'accès limité : le chevet de l'église surplombe les jardins du Palais de France, et le clocher est situé du côté de la cour du Lycée Pierre Loti, installé dans les locaux du couvent attenant.
L'horloge de l'église a été restaurée en 2009. Depuis 2011, l'église connaît une importante campagne de restauration, qui devrait se poursuivre sur plusieurs années.
Les capucins français à Istanbul
Depuis le 17ème siècle, les frères mineurs capucins (ordre religieux de l'ordre de Saint François d'Assise) disposent d'un statut particulier auprès de l'empire ottoman.
En 1627, le sultan Murat IV leur accorde notamment le pouvoir de "circuler librement en toutes les églises où ils voudront aller sans en être empêchés (…) nous voulons en outre que leurs voyages par les villes, les bourgs et villages, il n’y ait aucun spahi, janissaire ou autre quel qu’il soit qui leur fasse aucune offense, déplaisir ou empêchement" (le firman est conservé dans les archives des capucins de Paris) tout en leur interdisant tout prosélytisme religieux. Entre 1640 à 1700, dix firmans concernent cette libre circulation des missionnaires capucins à travers l’Empire ottoman.
En parallèle, le 13 mars 1626, Louis XIII déclare prendre sous sa protection personnelle les capucins français et il s’engage à verser chaque année à leurs missionnaires 4000 Ff-or pour subvenir aux besoins de leur mission.
A compter de cette date, les capucins sont notamment en charge de l'aumônerie de l'Ambassade de France (ils ont l’exclusivité du poste de chapelain (aumônier de l’ambassade). Ils exercent également leur ministère sacerdotal auprès des Français de passage et des Français résidant à İstanbul. Mais aussi auprès des marins et des malades (lorsque les capucins s’installèrent à Pera, ils furent les seuls à pouvoir porter secours et réconfort spirirtuel aux mourants, la nuit, car ils étaient en dehors des murailles de Galata). On les voit œuvrer à chaque épidémie grave. Dans les cent premières années de leur présence, 14 capucins sont d'ailleurs morts à İstanbul, dont 10 de la peste.
Les capucins exercent également des missions originales, avec notamment un ministère auprès des prisonniers – les corsaires turcs faisant de nombreux otages – ou la création de l'Ecole des Jeunes de Langue, pour l'apprentissage des langues parlées dans les échelles du Levant (formation des interprètes et des drogmans auprès de la Sublime Porte).
A la révolution française, les capucins sont dispersés (l'ordre est dissous en France en 1790). Les vocations se tarissent, et à partir de 1813, les registres de Saint Louis sont tenus par des capucins italiens, qui resteront responsables de Saint Louis jusqu’en 1881.
Après 1881, les missions des capucins français reprennent, et intègrent notamment l'aumônerie des écoles catholiques françaises (Saint Joseph et Notre Dame de Sion) et la création d'un petit, puis d'un grand, séminaire. De 1882 à 1990, il y eut plus de 1000 séminaristes à St Louis, et 143 prêtres, 1 diacre, 14 évêques dont 1 patriarche y ont été formés.
Leur mission au sein de la paroisse s'est à nouveau interrompue en 1999.
Saint Louis aujourd'hui
Aujourd'hui, comme depuis bientôt trois siècles, Saint Louis reste paroisse de la communauté française d'Istanbul.
L’ancien bâtiment du séminaire des capucins est devenu propriété du gouvernement français et attribuée au lycée français Pierre Loti.
Après une période de transition, l'église a été confiée en 2003 aux frères mineurs franciscains, qui ont ainsi succédé à leurs frères mineurs capucins.
Les premiers capucins arrivent en effet à Constantinople en 1626 et s'installent dans l’enceinte de l’ambassade de France en 1628. Ils deviennent propriétaires d'un terrain contigü à celui de l'ambassade en 1638.
17ème siècle
Leur première église est sans doute clandestine, mais à partir de 1642, la messe est célébrée dans une salle attenante à l’ambassade.
Après l’incendie de 1660, on bâtit une véritable église, qui sera peu à peu transformée. Cette église sera bénie le 25 août 1673. Elle est également déclarée "chapelle ministérielle", l’autorisation de la Sublime porte ayant été donnée. En 1685 autorisation sera donnée d’y ensevelir les "ambassadeurs, religieux et autres personnes de distinction".
18ème siècle
L'église devient enfin paroisse au début du 18ème siècle.
Elle est reconstruite deux fois au cours de ce siècle, une première fois grâce au Comte des Alleurs, ambassadeur de France (1747-1754), puis en 1788, date à laquelle le P. Godefroy d’Amiens, plus tard archevêque de Naxos, la reconstruit en pierre.
L'église disparaît à nouveau dans le grand incendie de Pera (Beyoglu) de 1831.
19ème siècle
Après l'incendie de 1831, l'église mettra plusieurs années à être reconstruite. Elle sera finalement terminée en 1846, sa construction étant réalisée en parallèle de la reconstruction du Palais de France.
L'ensemble des bâtiments actuels est représentatif du style Louis-Philippe (1830-1848). L'architecte est Pierre Laurécisque (1797-1848), qui a longuement séjourné à Istanbul et est enterré au cimetière du Père Lachaise. Deux plaques funéraires dans l'église rappellent d'ailleurs le décès de son épouse et de son jeune fils en 1847 à Constantinople.
L'église a été bénie par le P. Mauro de Leonessa, préfet apostolique, le 1er mai 1847, en présence de l’ambassadeur François-Adolphe de Bourqueney (1841-1848).
20ème siècle
En 1914, Saint Louis est occupé, l'église est réquisitionnée et l'horloge et la cloche sont démontés.
L'église est cependant récupérée dès 1919 et sera progressivement restaurée jusqu'en 1923 (comme le montre l'inscription de la frise du sanctuaire).
Deux des façades principales de l'église sont d'accès limité : le chevet de l'église surplombe les jardins du Palais de France, et le clocher est situé du côté de la cour du Lycée Pierre Loti, installé dans les locaux du couvent attenant.
L'horloge de l'église a été restaurée en 2009. Depuis 2011, l'église connaît une importante campagne de restauration, qui devrait se poursuivre sur plusieurs années.
Les capucins français à Istanbul
Depuis le 17ème siècle, les frères mineurs capucins (ordre religieux de l'ordre de Saint François d'Assise) disposent d'un statut particulier auprès de l'empire ottoman.
En 1627, le sultan Murat IV leur accorde notamment le pouvoir de "circuler librement en toutes les églises où ils voudront aller sans en être empêchés (…) nous voulons en outre que leurs voyages par les villes, les bourgs et villages, il n’y ait aucun spahi, janissaire ou autre quel qu’il soit qui leur fasse aucune offense, déplaisir ou empêchement" (le firman est conservé dans les archives des capucins de Paris) tout en leur interdisant tout prosélytisme religieux. Entre 1640 à 1700, dix firmans concernent cette libre circulation des missionnaires capucins à travers l’Empire ottoman.
En parallèle, le 13 mars 1626, Louis XIII déclare prendre sous sa protection personnelle les capucins français et il s’engage à verser chaque année à leurs missionnaires 4000 Ff-or pour subvenir aux besoins de leur mission.
A compter de cette date, les capucins sont notamment en charge de l'aumônerie de l'Ambassade de France (ils ont l’exclusivité du poste de chapelain (aumônier de l’ambassade). Ils exercent également leur ministère sacerdotal auprès des Français de passage et des Français résidant à İstanbul. Mais aussi auprès des marins et des malades (lorsque les capucins s’installèrent à Pera, ils furent les seuls à pouvoir porter secours et réconfort spirirtuel aux mourants, la nuit, car ils étaient en dehors des murailles de Galata). On les voit œuvrer à chaque épidémie grave. Dans les cent premières années de leur présence, 14 capucins sont d'ailleurs morts à İstanbul, dont 10 de la peste.
Les capucins exercent également des missions originales, avec notamment un ministère auprès des prisonniers – les corsaires turcs faisant de nombreux otages – ou la création de l'Ecole des Jeunes de Langue, pour l'apprentissage des langues parlées dans les échelles du Levant (formation des interprètes et des drogmans auprès de la Sublime Porte).
A la révolution française, les capucins sont dispersés (l'ordre est dissous en France en 1790). Les vocations se tarissent, et à partir de 1813, les registres de Saint Louis sont tenus par des capucins italiens, qui resteront responsables de Saint Louis jusqu’en 1881.
Après 1881, les missions des capucins français reprennent, et intègrent notamment l'aumônerie des écoles catholiques françaises (Saint Joseph et Notre Dame de Sion) et la création d'un petit, puis d'un grand, séminaire. De 1882 à 1990, il y eut plus de 1000 séminaristes à St Louis, et 143 prêtres, 1 diacre, 14 évêques dont 1 patriarche y ont été formés.
Leur mission au sein de la paroisse s'est à nouveau interrompue en 1999.
Saint Louis aujourd'hui
Aujourd'hui, comme depuis bientôt trois siècles, Saint Louis reste paroisse de la communauté française d'Istanbul.
L’ancien bâtiment du séminaire des capucins est devenu propriété du gouvernement français et attribuée au lycée français Pierre Loti.
Après une période de transition, l'église a été confiée en 2003 aux frères mineurs franciscains, qui ont ainsi succédé à leurs frères mineurs capucins.